Président Faustin-Archange Touadéra. Photo : Barbara Debout/AFP
D’autres dans le point chaud de la République centrafricaine (RCA) voteront dimanche sur un projet controversé de modification de la Constitution, ouvrant la porte à un troisième mandat du président Faustin-Archange Touadéra.
L’un des pays les plus pauvres du monde est en proie à des conflits et à des troubles politiques depuis plus d’une décennie. Touadéra a été élu pour la première fois en 2016 alors que le pays, avec l’aide de la France et des Nations Unies, sortait d’une guerre civile qui a dégénéré en lignes sectaires à la suite d’un coup d’État.
La violence persiste aujourd’hui, bien qu’à des niveaux inférieurs. Des pans de territoire sont contrôlés par des groupes rebelles et Touadéra reste au pouvoir avec le soutien des paramilitaires russes.
Touadéra a été réélu en 2020 après un vote tenu par des accusations de fraude et de faible participation.
Le changement constitutionnel proposé porterait le mandat présidentiel de cinq à sept ans et supprimerait sa limite de deux mandats.
Les partisans de Touadéra disent que son mandat serait remis à zéro, lui permettant de se présenter à nouveau à la présidence.
« L’objectif est de créer une stabilité institutionnelle et les conditions propices au développement », a déclaré Evariste Ngamana, vice-président du parlement et porte-parole de la majorité pro-Touadéra au parlement.
Les principaux partis d’opposition et les groupes de la société civile appellent au boycott de l’élection, la décrivant comme viciée par une liste électorale incomplète et des surveillants électoraux qui manquent d’indépendance.
« Nous sommes confrontés à un coup d’État constitutionnel – l’objectif du non-limite [presidential] termes, c’est tout simplement avoir le pouvoir pour la vie », a déclaré Martin Ziguele, président du Mouvement de libération du peuple centrafricain.
Mais les protestations ouvertes contre le référendum ont été discrètes et Human Rights Watch affirme que les opposants ont été menacés ou harcelés.
Quant au pouvoir judiciaire, la Cour constitutionnelle a porté en septembre 2022 un coup dur à Touadéra, en supprimant la mise en place d’une commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution. Le président du tribunal, Daniele Darlan, a été contraint de prendre sa retraite en janvier de cette année.
Environ 1,9 million de personnes sont éligibles pour participer au vote de dimanche.
Touadera a déclaré que la Russie et le Rwanda, qui ont également accru leur influence en RCA, « soutiendraient » la sécurité du vote.
Un média lié à Wagner a déclaré ce mois-ci que plusieurs centaines de combattants de Wagner étaient arrivés dans le pays pour mener à bien cette tâche.
Le mois dernier, le Mali – dont la junte militaire au pouvoir est également soutenue par Wagner – a fait adopter une nouvelle Constitution à la suite d’un référendum controversé. Il dit que la Constitution dirigera le retour du pays à un régime civil l’année prochaine. — AFP