Dynastie : Ali Bongo (ci-dessus) est président depuis 2009, remplaçant son père, Omar, qui dirigeait depuis 1967. Photo : Ludovic Marin/Getty Images
es dernières années, le président gabonais Ali Bongo Ondimba a lutté dans l’ombre de son père charismatique, Omar, qui a dirigé ce pays d’Afrique centrale riche en pétrole pendant plus de quatre décennies.
Puis, il y a près de cinq ans, un accident vasculaire cérébral l’a tenu à l’écart pendant des mois, a suscité des rumeurs sur son aptitude à exercer un mandat et a alimenté une petite tentative de coup d’État.
Aujourd’hui, les sceptiques de Bongo sont en retrait alors que l’homme de 64 ans, apparemment frais pour la mêlée, brigue un troisième mandat lors des élections de samedi. Les visiteurs qui ont vu Bongo de près disent qu’il a une raideur au bras et à la jambe droite qui affecte sa mobilité, mais son esprit est vif.
Au sortir d’une longue convalescence après son accident vasculaire cérébral de 2018, il s’est lancé dans une refonte de son image, se présentant comme un homme de rigueur déterminé à extirper les « traîtres » et les « profiteurs » de son entourage.
Parmi les personnes visées figurent son puissant chef de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, aujourd’hui en prison, ainsi que plusieurs ministres et hauts fonctionnaires.
À l’approche des élections, il a entamé une tournée nationale éclair, effectué des visites à l’étranger de grande envergure et présenté les références du Gabon en tant que gardien proclamé des forêts.
Comparer Bongo entre la jeunesse et l’âge moyen, c’est constater un changement radical en personne.
Issu d’une riche famille régnante, Bongo était autrefois connu sous ses initiales ABO, Ali B ou, moins flatteur, sous le nom de Monsieur Fils (M. Son).
Il est né d’une adolescente, Joséphine Kama, dans la ville congolaise de Brazzaville, qui à l’époque faisait encore partie de l’empire colonial français en déclin rapide. Parce qu’il est né à l’étranger et hors mariage, Bongo a combattu pendant des années les rumeurs selon lesquelles il était un étranger adopté.
Il nourrissait des ambitions en tant qu’aspirant chanteur de funk : en 1977, il enregistra un album, aujourd’hui une curiosité sur YouTube, mettant en vedette des musiciens de haut niveau et intitulé Un tout nouvel homme.
En trois ans, sous la direction de son père, il abandonne la voie du divertissement et se lance en politique, se rebaptisant Ali Bongo et se convertissant à l’islam comme ses parents.
Bongo père, qui a pris ses fonctions en 1967, avait la réputation d’un kleptocrate – l’un des hommes les plus riches du monde, avec une fortune provenant du pétrole gabonais.
Il était également un pilier de la « FrancAfrique » – une stratégie désormais très contestée par laquelle la France s’est liée à ses anciennes colonies africaines par le biais d’un copinage, souvent entaché de corruption et de violations des droits.
Bongo a travaillé comme le fidèle lieutenant de son père, parcourant le monde et nouant des contacts au moment du deuxième boom pétrolier.
Mais aux yeux de ses détracteurs, Bongo n’avait pas le charme et les capacités de communication de son père.
Il a fréquenté certaines des meilleures écoles de Brazzaville et a étudié le droit en France, mais n’a appris aucune des langues locales du Gabon – un inconvénient majeur.
Ses dépenses somptueuses, notamment en voitures de luxe, ont également fait sourciller dans un pays où la richesse pétrolière contraste avec une pauvreté généralisée.
En 1989, il a été nommé ministre des Affaires étrangères à l’âge de 30 ans seulement, mais a dû démissionner deux ans plus tard lorsqu’une nouvelle Constitution stipulait que les membres du cabinet devaient être âgés d’au moins 35 ans.
Il est revenu au gouvernement en 1999, à la tête du ministère de la Défense.
Il y est resté jusqu’à peu de temps avant le début de la campagne électorale provoquée par le décès de son père en 2009.
Ce transfert n’était pas une surprise, compte tenu de toutes les années de préparation de son père et des propres ambitions de Bongo, malgré une certaine opposition au sein du Parti démocratique gabonais (PDG) au pouvoir.
En 2016, Bongo a été réélu par 5 500 voix, devançant son challenger de l’opposition Jean Ping après une campagne entachée d’affrontements sanglants et d’allégations de fraude.
S’adressant à un pays dirigé depuis des décennies par sa famille, Bongo a tenté la tâche difficile de se présenter comme un agent de changement, en remplissant chaque discours de promesses de « renouveau » et d’« innovation ».
Il a dévoilé une série de projets, notamment la diversification de l’économie, l’ouverture des marchés aux investisseurs asiatiques, la réduction du secteur public et la promotion des trésors environnementaux du Gabon. Bongo a épousé la Française Sylvia Bongo Ondimba en 1989. Ils ont quatre enfants. — AFP