Depuis dix ans, un contingent espagnol fait partie de la mission de formation de l’Union européenne au Mali, EUTM-Mali pour son sigle en anglais. Un total de 140 militaires ils sont utilisés dans des missions de six mois pour entraîner les troupes locales à parvenir à un fonctionnement démocratique stable. Et depuis avant la guerre en Ukraine, ils connaissaient et se souciaient des mercenaires de Wagner, mais maintenant qu’ils ont défié Poutine, beaucoup plus.
Cela a été reconnu hier par la ministre de la Défense, Margarita Robles, après avoir visité le Bureau national conjoint du programme NGWS/FCAS (futur avion de combat) à Indra. « Il est important de voir l’évolution des événements en Afrique, notamment au Sahel, où l’Espagne dispose de troupes », a expliqué la ministre lorsqu’on lui a demandé comment elle avait vécu la menace du chef de Wagner contre Poutine ce week-end. « nous l’avons suivi avec inquiétude et grande prudence», a-t-il résumé. Car au Mali vivent et collaborent avec le gouvernement local entre mille et deux mille miliciens Yevgueni Prigozhin.
Mais pour arriver à cette situation, des soldats espagnols dans le pays et des miliciens russes, il faut remonter à il y a une décennie. Le Mali a connu une escalade de la violence ces dernières années malgré la présence internationale. Le pays, qui appartient au Sahel, a connu une année noire en 2012, lorsque les rebelles touaregs ont rejoint le Mouvement national pour la libération de l’Azawad -avec une forte présence de djihadistes-, se sont soulevés contre le pouvoir central et ils ont pris la région du nord du pays en quelques mois. Alors que leur expansion avait lieu et que l’Azawad déclarait indépendante la zone qu’ils contrôlaient, le capitaine sanogo a organisé un coup d’État dans la capitale. Les jihadistes ont profité du chaos pour se réarmer, imposer la charia dans le nord du pays et, en 2013, lancer une offensive contre Bamako. Sanogo a demandé l’aide internationale et la France a lancé l’opération Serval pour les aider à arrêter le coup d’État.
Depuis lors, un contingent de l’Union européenne est resté au Mali pour sauvegarder le fonctionnement des institutions. C’est un pays stratégique pour l’Europe. Cependant, la manière dont l’exécutif de François Hollande Il a envoyé trois mille soldats pour combattre les djihadistes au Mali, mettant mal à l’aise une partie de la population, qui voyait l’arrivée des étrangers comme le chaos et la guerre dans le pays. De plus, des politiciens maliens ont répandu la rumeur selon laquelle La France a volé l’or local, un canular entretenu par le colonel Goita, responsable d’un nouveau coup d’État en mai 2021, qui a provoqué l’entrée de miliciens wagnériens parrainés par la Russie et qui progressent de plus en plus en Afrique subsaharienne, étendant leur influence dans la crise avec Poutine jusqu’à la crise avec Poutine, le continent africain. Ironie du sort, cette armée privée aide les troupes locales à lutter contre le djihadisme, tout comme la mission européenne de formation cherche la stabilité dans le pays.
La pression sur la France a atteint le point qu’Emmanuel Macron a retiré toutes ses troupes du Mali le 16 août, laissant le reste des pays européens dans une situation difficile, puisque les bases que la France occupait sont désormais un bastion de commandement pour les Wagner qui sont dans la zone.
L’Espagne veut rester au Mali, où elle a une mission préférentielle malgré le fait que les forces de l’Otan se concentrent désormais sur le renforcement du flanc occidental. Les troupes nationales ont été déployées jusqu’à il y a quelques semaines dans Koulikoro, bien que récemment ils se soient retirés à Bamako, où ils effectuent un travail de formation. Depuis décembre dernier, le général espagnol Ortiz-Repiso a le commandement international de la mission, qui, si elle suit les plans approuvés par le Conseil de l’Union européenne, se poursuivra jusqu’au 24 mai 2024, date à laquelle expire la prolongation du mandat. Désormais, la préoccupation de savoir quoi faire des Wagner au Mali s’ajoute au reste des problèmes locaux. Lors de l’invasion de l’Ukraine, les troupes de Prigozhin se sont placées sous les ordres de Poutine, cependant, on ne sait pas ce qui se passera au Mali et si le coup d’État raté de Wagner à Moscou finira par affecter la délicate stabilité du Sahel.