Idriss Déby, le président du Tchad. Son fils Mahamat Déby devrait être le prochain nom sur le scrutin présidentiel.
u cours des trois dernières décennies, un nom a toujours figuré sur le bulletin de vote présidentiel tchadien – et a toujours été annoncé comme vainqueur : Déby.
Ce fut d’abord Idriss Déby. Lors des élections du 6 mai, ce sera Mahamat Déby.
Lorsqu’Idriss Déby est mort en combattant les rebelles en avril 2021, son fils, Mahamat, a accédé à la présidence et cherche désormais à légitimer son règne. Neuf autres candidats le défient. Néanmoins, il a de fortes chances de gagner, après avoir mis sur la touche ses détracteurs et ses adversaires.
Parmi eux, son cousin, Yaya Dillo, tué le 28 février lors d'affrontements entre les forces de sécurité et des membres de son Parti socialiste sans frontières. La sécurité de l'Etat avait accusé Dillo d'avoir mené une attaque contre le siège des services de renseignement à N'Djamena, ce qu'il a démenti.
Mahamat Déby insiste sur le fait que Dillo n'a pas été délibérément assassiné et se dit ouvert à une enquête internationale. Dillo avait également été une épine dans le pied de Déby père, en se présentant contre le défunt président aux élections de 2021. À cette époque, il a survécu à une descente des forces de sécurité à son domicile, mais sa mère, son fils et au moins cinq autres personnes ont été tués.
Les menaces et les critiques qui ont pesé sur le régime de Déby aîné prévalent toujours au Tchad : les rebelles mènent une insurrection depuis les pays voisins, l'opposition politique est confrontée à des menaces et des intimidations constantes et la nation est divisée. Les prochaines élections ont suscité un mélange complexe de passion, d’espoir, de suspicion et de cynisme.
Le seul adversaire significatif de Mahamat est son Premier ministre, Succès Masra, qui a rejoint le gouvernement militaire cette année, après avoir mené des manifestations meurtrières contre lui en octobre 2022.
Pour certains, sa décision de rejoindre le gouvernement de Déby a réduit sa crédibilité en tant que l'un des rares remparts contre le statu quo politique. Mais c'est aussi un moyen pratique de piloter l'élection en gérant le gouvernement chargé de l'organiser.
La candidature de Masra a suscité le soutien de la jeunesse tchadienne. Ils voient chez l’économiste devenu leader du parti Transformers l’espoir d’une nouvelle génération de dirigeants politiques qui promouvront la transparence, la gouvernance démocratique et le développement socio-économique. Il s'est également engagé à lutter contre la corruption, à promouvoir l'éducation et l'emploi et à consolider l'unité nationale.
Les observateurs internationaux et les organisations de défense des droits humains surveillent le processus électoral, craignant des violations des droits et une manipulation politique. Néanmoins, de nombreux Tchadiens seront présents le 6 mai pour faire entendre leur voix dans les urnes, alors même que l'État se prépare à inaugurer un nouveau Déby.