Le Polisario critique le « manque de force de l’ONU » à l’issue de la visite à Tindouf de l’envoyé spécial pour le Sahara Occidental

Habillez-vous avec uniforme de combat, le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, a reçu l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, à Tindouf ce dimanche après-midi. Sa tenue vestimentaire a fait passer le message que le conflit armé avec le Maroc, réactivé en novembre 2020 après la rupture du cessez-le-feu signé en 1991, marque la situation dans les camps de réfugiés sahraouis situés dans la ‘hamada’ algérienne.

A cette époque, le contenu de la réunion n’avait pas été divulgué. L’envoyé du secrétaire général de l’ONU, Antnio Guterres, conclut ainsi sa visite de deux jours dans les camps de réfugiés de Tindouf, qu’il a entamée samedi en rencontrant le négociateur en chef du Front Polisario, Jatri Aduh, et son ambassadeur auprès de l’ONU, Sidi Omar.

Tout n’était pas félicitations à l’accueil du diplomate italo-suédois à Tindouf. Le chef d’état-major général de l’armée sahraouie, Mohamed Luali Akeik, a critiqué ce dimanche « le manque de fermeté de la part des Nations unies dans l’application de ses résolutions ». Cela, avec « les évasions et les obstacles du Maroc au processus de paix », a estimé Akeik, « sont la facture que le peuple sahraoui paie et continue de payer si son droit de choisir librement son destin n’est pas respecté », selon le rapport. agence officielle Sps.

Le chef militaire, qui a rencontré De Mistura ainsi que d’autres hauts gradés de l’armée, a déclaré que l’ONU « s’est dérobée à ses responsabilités pendant trente ans, ce qui a eu des répercussions sur le peuple sahraoui, qui paie le prix fort en raison de l’obstination de l’occupant marocain ».

De Mistura, il s’est rendu à Rabat en juillet, d’où il prévoyait faire le saut à El Aain, capitale du Sahara Occidental. Cependant, il a renoncé à la dernière minute à se rendre dans les territoires occupés par le Maroc en raison des conditions imposées par le Gouvernement pour sa visite, comme l’a appris EL MUNDO.

Selon un communiqué rendu public par son cabinet ce dimanche, l’envoyé spécial aura des entretiens avec les autorités algériennes demain, lundi, et le 10 septembre il se rendra à Nouakchott pour faire de même avec le gouvernement mauritanien dans le cadre de ses « consultations avec toutes les parties concernées par la perspective d’avancer de manière constructive dans le processus politique du Sahara Occidental ».

Cette deuxième tournée de De Mistura (la première était en janvier) est contextualisée dans un environnement régional de plus en plus raréfié. La présence de Ghali au sommet Japon-Afrique qui s’est tenu à Tunis fin août et sa rencontre avec le président tunisien Kais Saied ont ouvert un nouveau front diplomatique au Maghreb. Le Maroc, bouleversé par ce qu’il considère comme « un acte hostile », a appelé son ambassadeur en Tunisie pour des consultations. La république a répondu réciproquement, non sans reprocher au royaume d’Alau que ce n’était pas la première fois que le dirigeant sahraoui participait à ce sommet -en tant que président d’un pays membre de l’Union africaine- et qu’il n’y avait jamais eu une telle réaction.

La fureur marocaine est allée au-delà de la diplomatie pour se déclarer boycott des produits tunisiens par la Fédération des consommateurs et avec des ramifications même dans les compétitions sportives. Rabat accumule ainsi deux crises bilatérales dans la région : la tunisienne rejoint la rupture des relations diplomatiques avec l’Algérie en août 2021 et dont la conséquence la plus grave a été la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe, qui reliait les champs algériens en passant par le Maroc jusqu’à l’Espagne.