Dans l’eau chaude : le vice-président Rigathi Gachagua. (Photo de Sebastian Barros/NurPhoto via Getty Images)
Le parlement du Kenya devait voter mardi la destitution du vice-président Rigathi Gachagua, dans un drame politique qui a mis en lumière les divisions au sein du parti au pouvoir.
Les législateurs ont accusé l'adjoint du président William Ruto, âgé de 59 ans, de corruption, d'affaiblissement du gouvernement et de pratique de politiques qui divisent sur le plan éthique, entre autres accusations.
Lors d'une conférence de presse lundi, Gachagua a qualifié ces accusations de « scandaleuses » et de « pure propagande », affirmant qu'il s'agissait d'un stratagème visant à le chasser de ses fonctions.
Gachagua est un homme d'affaires issu de la plus grande tribu du Kenya, les Kikuyu. Il a surmonté de précédents scandales de corruption pour devenir leader adjoint en tant que candidat à la vice-présidence de Ruto lors d'élections très disputées en août 2022.
Mais ces dernières semaines, il s'est plaint d'être mis à l'écart par son patron et accusé de soutenir les manifestations antigouvernementales menées par des jeunes qui ont éclaté en juin.
Les tensions politiques sont vives depuis que des manifestations parfois meurtrières ont éclaté contre des hausses d'impôts impopulaires, révélant les divisions entre Gachagua et Ruto.
Plusieurs députés alliés de Gachagua ont été convoqués par la police le mois dernier, accusés d'avoir financé les manifestations.
Aucune accusation formelle n'a été déposée par les procureurs et aucune information judiciaire n'a été ouverte contre Gachagua.
Cependant, les législateurs ont énuméré 11 motifs de mise en accusation, y compris des accusations selon lesquelles il aurait amassé des actifs d'une valeur de 5,2 milliards de shillings (40 millions de dollars) depuis les dernières élections, malgré un salaire annuel de seulement 93 000 dollars.
Parmi les actifs figurait le célèbre Treetops Hotel du Kenya, où séjourna la princesse Elizabeth de Grande-Bretagne lorsqu'elle devint reine.
Gachagua affirme que sa richesse provient entièrement de transactions commerciales légitimes et d'un héritage de son frère.
Il a prévenu que sa destitution susciterait le mécontentement de ses partisans.
Le législateur kenyan a lancé la procédure de destitution le 1er octobre, avec 291 députés soutenant la motion, bien au-delà du minimum de 117 requis.
Les deux tiers de la chambre basse, l'Assemblée nationale, doivent soutenir la motion pour qu'elle soit adoptée mardi. Il serait ensuite transféré à la chambre haute, le Sénat.
S'il était destitué, Gachagua deviendrait le premier vice-président à être destitué de cette manière depuis que cette possibilité a été introduite dans la constitution révisée du Kenya en 2010. -AFP