L’un des quatre derniers fugitifs du génocide rwandais arrêtés en Afrique du Sud – The Mail & Guardian

Fulgence Kayishema, l’un des quatre fugitifs recherchés pour leur rôle dans le génocide rwandais de 1994, a été arrêté en Afrique du Sud, ont annoncé jeudi des enquêteurs de l’ONU. (Les Nations Unies)

Ulgence Kayishema, l’un des quatre fugitifs recherchés pour leur rôle dans le génocide rwandais de 1994, a été arrêté en Afrique du Sud, ont annoncé jeudi des enquêteurs des Nations Unies.

« Hier après-midi, Fulgence Kayishema – l’un des génocidaires en fuite les plus recherchés au monde – a été arrêté à Paarl, en Afrique du Sud, dans le cadre d’une opération conjointe », a déclaré le Mécanisme international résiduel pour les tribunaux pénaux (MICT) dans un communiqué.

Environ 800 000 Rwandais, pour la plupart d’ethnie tutsie, ont été massacrés pendant 100 jours aux mains d’extrémistes hutus.

Kayishema, un ancien inspecteur de la police judiciaire, fait face à des accusations de génocide, de complicité et d’entente en vue de commettre le génocide et de crimes contre l’humanité.

Il est en fuite depuis juillet 2001, selon le site Internet du MICT, qui donne comme année de naissance 1961.

Lui et d’autres auraient assassiné plus de 2 000 hommes, femmes et enfants tutsis qui s’étaient réfugiés dans une église catholique à Nyange dans le district de Kivumu.

« Kayishema a directement participé à la planification et à l’exécution de ce massacre, notamment en se procurant et en distribuant du pétrole pour incendier l’église avec les réfugiés à l’intérieur », indique le communiqué.

« Lorsque cela a échoué, Kayishema et d’autres ont utilisé un bulldozer pour faire s’effondrer l’église, enterrant et tuant les réfugiés à l’intérieur.

« Kayishema et d’autres ont alors supervisé le transfert des cadavres du terrain de l’église vers des fosses communes. »

Réseau de soutien

Le MICT a repris en 2015 les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), que les Nations unies avaient mis en place à la suite du génocide.

L’arrestation de Kayishema a été effectuée dans le cadre d’une opération conjointe de l’équipe de recherche des fugitifs du MICT et des autorités sud-africaines, selon le communiqué.

L’enquête « a couvert plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs, en étroite coopération avec de nombreux organismes nationaux chargés de l’application des lois et de l’immigration », a-t-il déclaré.

Au cours de sa fuite devant la justice, Kayishema a utilisé de nombreux pseudonymes et de faux documents et s’est appuyé sur un « réseau de partisans de confiance », révèle le communiqué.

Il s’agissait notamment de membres de la famille, de membres des anciennes forces armées rwandaises, du groupe rebelle des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) « et de ceux alignés sur l’idéologie génocidaire Hutu Power ».

Le procureur en chef du MICT, Serge Brammertz, a rendu hommage aux « compétences, à la rigueur et à la coopération exceptionnelles » des enquêteurs sud-africains et a distingué l’Eswatini et le Mozambique pour leur aide.

Kayishema « fera enfin face à la justice pour ses crimes présumés », a-t-il déclaré.

« Le génocide est le crime le plus grave connu de l’humanité », a-t-il déclaré.

« (…) Cette arrestation est une démonstration tangible que cet engagement ne faiblit pas et que justice sera rendue, peu importe le temps qu’il faudra.

il reste trois fugitifs

Naphtali Ahishakiye, secrétaire exécutif d’Ibuka, une association faîtière de survivants du génocide, a déclaré que l’arrestation « envoie un message fort aux autres fugitifs et cerveaux du génocide de 1994… qu’ils ne pourront jamais échapper à la justice pour toujours ».

Les trois autres fugitifs figurant sur la liste des personnes recherchées font également face à de multiples accusations de génocide et de crimes contre l’humanité : Aloys Ndimbati ; Charles Ryandikayo; et Charles Sikubwabo.

Le tribunal du TPIR a condamné 62 personnes, dont une peine de 30 ans infligée à l’ancien ministre Augustin Ngirabatware, et en a acquis 14.

Il a fermé fin 2015, passant le relais au MICT pour poursuivre les poursuites contre les suspects.

En septembre 2022, l’un des hommes les plus riches du Rwanda avant le génocide, Félicien Kabuga, qui a déménagé en France sous une fausse identité, a été jugé à La Haye.

Son procès a été suspendu en mars en raison d’inquiétudes concernant sa santé.

Retarder l’inquiétude

Ahishakiye a souligné les problèmes liés au procès de Kabuga pour souligner la nécessité d’une justice rapide.

« Notre souhait est qu’il (Kayeshima) soit extradé vers le Rwanda pour son procès afin qu’il puisse répondre directement aux personnes dont les crimes ont été touchés », a-t-il déclaré à l’AFP.

« Nous espérons que son procès sera accéléré et que les rouages ​​de la justice ne connaîtront pas les types de retards que le procès Kabuga a connus.

Le Rwanda a commencé à juger des suspects de génocide en 1996 et, en une seule journée d’avril 1998, 22 d’entre eux ont été exécutés par un peloton d’exécution.

Il a aboli la peine de mort en 2007, levant ainsi le principal obstacle qui empêchait le TPIR d’extrader des suspects de génocide vers le Rwanda pour y être jugés.

Entre 2005 et 2012, plus de 12 000 tribunaux communautaires « gacaca » ont jugé près de deux millions de personnes et en ont condamné 65 %, envoyant la plupart en prison.

D’autres condamnations ont été prononcées dans l’ancienne puissance coloniale belge ainsi qu’en France, en Suède, en Finlande, en Norvège, en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis et au Canada.

Mais trois autres fugitifs importants – Augustin Bizimana, Protais Mpiranya et Pheneas Munyarugarama – sont tous morts sans avoir été traduits en justice.