Le président Saied dirige le pays unilatéralement depuis près d’un an. Le référendum de juillet renforcera encore son pouvoir sans résistance.
Ceux qui sont sincèrement engagés dans la protection des normes démocratiques mondiales doivent éviter l’erreur stratégique d’ignorer l’effondrement des démocraties naissantes telles que la Tunisie. Berceau du printemps arabe, ce qui s’y passe importe non seulement au pays lui-même, mais aussi à l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient et au-delà.
Depuis les soulèvements de 2011, la Tunisie a largement été une lueur d’espoir pour les aspirants démocratiques de la région. Alors que ses voisins ont vu la réaffirmation d’un régime autoritaire ou sombrer dans des troubles intérieurs, le plus petit des pays d’Afrique du Nord a connu des élections équitables, une presse libre et l’établissement de la constitution la plus progressiste du monde arabe.
Cependant, tous ces progrès démocratiques sont sur le fil du rasoir depuis un an. Le 25 juillet 2021, le président Kais Saied a déclaré l’état d’urgence suite aux protestations populaires contre la récession économique et la mauvaise gestion gouvernementale de la pandémie de Covid-19. Saied a affirmé que sa décision visait à rectifier la trajectoire politique de la Tunisie et un parlement dysfonctionnel. Il a procédé à la fermeture de toute vie politique et a paralysé les institutions post-soulèvement. Il a limogé le Premier ministre, gelé et alors dissous parlement, fermer le Conseil supérieur de la magistrature, et saisi contrôle de la commission électorale.
L’intervention de Saied a d’abord bénéficié d’un soutien écrasant de la part des citoyens qui étaient devenus frustrés par le gouvernement. Selon un sondage de juillet 2021, 87 % des personnes accueilli ses mesures. Cependant, cette humeur a changé depuis. En janvier 2022, ce soutien avait presque réduit de moitié.
Depuis près d’un an maintenant, le président Saied dirige unilatéralement la Tunisie sans freins ni contrepoids à son pouvoir. Bien qu’il prétende défendre le respect de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés, rien ne prouve qu’il ne s’agisse que de paroles en l’air et d’une tentative de gagner du temps pendant qu’il consolide sa prise de pouvoir. La réalité est qu’il y a eu de plus en plus poursuites judiciaires d’opposants politiques, que Saied a qualifiés de corrompus ou de traîtres. Les médias libres sont étoufféet des tribunaux militaires sont utilisé pour étouffer la dissidence.
Les conflits politiques en Tunisie ont également exacerbé la crise de l’économie, qui a été affaibli encore plus par l’impact de la guerre en Ukraine sur les approvisionnements en blé et les prix des matières premières. En mars, Fitch déclassé La dette souveraine de la Tunisie au statut de pacotille. Certains économistes prédisent que sans le prêt de 4 milliards de dollars du FMI que la Tunisie envisage, la nation pourrait faire face à un effondrement financier.
Saied procède actuellement à un référendum sur une nouvelle constitution qui se tiendra le 25 juillet. Il poursuit cette démarche malgré le fort recul de l’opposition politique, universitaires de premier planet la forte d’un million de membres Uniprofession UGTTon, qui a initialement soutenu l’initiative. Ces groupes ont tous refusé de participer à un dialogue national pour rédiger la nouvelle constitution. L’UGTT a également appelé à une grève publique nationale en juin après que le gouvernement a refusé d’augmenter les salaires, une décision de l’État visant à catalyser l’accord avec le FMI.
La confiance entre la présidence et les partis d’opposition, les organisations nationales et la société civile s’est effondrée, comme en témoignent les accusations de trahison entre les parties opposées. Pourtant, aucune réforme de fond, en particulier économique, n’est possible en Tunisie sans un dialogue efficace, inclusif et continu entre les différents acteurs politiques de la nation.
Protéger la démocratie tunisienne
Il est impératif que les forces démocratiques nationales en Tunisie continuent de faire pression sur le président Saied pour qu’il rétablisse un système de freins et contrepoids et assure la participation de toutes les principales factions politiques à tout dialogue national. Ils doivent condamner les violations des droits humains et conditionner tout type de coopération à la responsabilité politique et au rétablissement des normes démocratiques, y compris dans les accords de l’État concernant l’aide militaire et économique et le prêt proposé par le FMI.
Les démocraties occidentales ont aussi un rôle à jouer. Ils ne peuvent pas assister passivement à la condamnation des Tunisiens à une vie de dictature et à la destruction de tous les élans démocratiques du monde arabe. Le soulèvement qui a renversé Zine El Abidine Ben Ali en 2011 était, et reste, une chance pour la Tunisie et ses voisins de démocratiser une région ancrée dans l’autoritarisme. L’Occident doit tenir sa promesse de défendre partout les valeurs démocratiques qu’il entend promouvoir.
La Tunisie manque de vrais leaders démocratiques. La société civile tunisienne est également isolée et manque d’expérience et de sensibilisation aux principes démocratiques. Les organisations donatrices ont donc la responsabilité de soutenir la société civile en se concentrant sur des projets qui contribueront à faire progresser les valeurs et normes démocratiques fondamentales (non superficielles). Cela permettra à la société civile tunisienne de construire la vision et les mécanismes pour guider une nouvelle génération de croyants démocrates.
La survie de la démocratie tunisienne est la clé de tout espoir de gouvernance démocratique dans le monde arabe. Le résultat de sa crise politique pourrait se répercuter dans toute la région et au-delà pendant longtemps.