L'annulation des semaines régionales de l'ONU sur le climat révèle le manque de bonne volonté des pays riches

Le financement de ces réunions essentielles coûterait peu aux pays riches mais constituerait un forum potentiellement inestimable pour les pays en développement.

La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), l'organisme qui coordonne la réponse mondiale au changement climatique, a annoncé le 25 mars qu'elle n'organiserait pas de semaines régionales du climat en raison de contraintes de ressources. Son secrétaire exécutif, Simon Stiell, a fait allusion à un déficit de financement de 85 millions de dollars qui devrait être comblé par des dons pour que les réunions puissent avoir lieu.

Quelques semaines plus tard, aucun pays ni entité privée n’est intervenu pour sauver la situation, malgré le coût financier relativement minime nécessaire.

Les semaines du climat régional sont organisées chaque année dans une ou plusieurs des régions suivantes : Afrique, Amérique latine et Caraïbes, Asie-Pacifique, Moyen-Orient et Afrique du Nord. Ils rassemblent diverses parties prenantes des gouvernements et des ONG, des secteurs public et privé pour faire progresser la coopération et la collaboration pour faire face à la crise du changement climatique. Ils fournissent également des forums dans lesquels les pays du monde majoritaire peuvent exprimer leurs besoins et rechercher des financements climatiques. L'année dernière, la Semaine africaine du climat à Nairobi a accueilli le Sommet africain sur le climat qui a abouti à la Déclaration de Nairobi, la position commune du continent avant la COP28.

En amplifiant les voix des jeunes et des organisations de base, les semaines régionales du climat peuvent également ouvrir des voies vers la justice qui ne seraient pas accessibles autrement. Il est essentiel de rassembler la diversité des parties prenantes pour garantir la diversité des pensées, des opinions et des solutions.

Si nous voulons répondre de manière significative à la crise climatique, nous devons nous engager à trouver et à faire entendre les voix les meilleures et les plus brillantes et à éliminer les barrières à l’entrée. Annuler les semaines régionales et limiter la participation aux négociations sur le climat – comme le propose la CCNUCC pour la première réunion du Conseil des pertes et dommages – compromettrait cet objectif. Une participation solide, la transparence et l’accessibilité aux processus multilatéraux constituent le plancher, et non le plafond, pour établir un engagement dirigé et informé par les communautés les plus touchées par la crise climatique.

L’interruption des semaines climatiques fragmentera les efforts, laissant les communautés et les gouvernements isolés et incertains. Alors que la COP29 se profile dans un pays eurasien hors de portée de nombreux voyageurs africains, ces plateformes régionales jouent un rôle encore plus important dans la recherche d’un consensus et dans la promotion de programmes ambitieux d’action climatique.

Il est décevant que les pays riches n’aient pas réussi à fournir les fonds nécessaires pour lutter contre la crise climatique, étant donné qu’une grande partie de leur richesse est générée par une pollution qui touche de manière disproportionnée les personnes les plus pauvres. Oxfam a récemment rapporté que les 1 % les plus riches émettent quatre fois plus de pollution polluante que l’ensemble du continent africain.

Pendant ce temps, les gens ordinaires voient leurs récoltes mourir, leur nourriture devenir incroyablement chère et leurs maisons emportées par les inondations. Ces conditions déclenchent davantage de conflits et de souffrances. Plus de 53,3 millions de personnes dans l’Est et la Corne de l’Afrique ont besoin d’une aide humanitaire et plus de 26,8 millions souffrent de faim aiguë. En Afrique de l’Ouest et centrale, plus de 48 millions de personnes – le chiffre le plus élevé depuis une décennie – risquent d’être confrontées à la faim dans les mois à venir. L'Afrique australe est également confrontée à la sécheresse. En Zambie, plus de 6 millions de personnes souffrent actuellement de faim et de pénurie d'eau.

Il existe pourtant des solutions. Oxfam calcule qu’une taxe de 60 % sur les revenus des 1 % les plus riches réduirait les émissions de plus que les émissions totales du Royaume-Uni et permettrait de récolter 6 400 milliards de dollars par an pour financer la transition des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables.

L’échec des riches donateurs à sauver les semaines régionales du climat est une nouvelle démonstration flagrante du fait qu’ils continuent de privilégier le profit plutôt que le bien-être des populations et de la planète. Leur réticence à intervenir mine la solidarité et la collaboration, entravant ainsi une action climatique efficace. Cela risque également de saper les progrès réalisés dans les négociations internationales sur le climat.

En l’absence de semaines régionales sur le climat, les gouvernements africains et les parties prenantes doivent capitaliser sur d’autres espaces disponibles pour promouvoir un message unifié sur l’action climatique. Il s’agit notamment du 5e cycle de la série Africa Climate Talks (ACT!) à Addis-Abeba, en préparation de la 11e Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique (CCDA-VII) et de la COP29.

La lutte contre le changement climatique n’est pas seulement une question scientifique ou environnementale : c’est un impératif moral. C’est une bataille pour l’âme de l’humanité, contre un système qui donne la priorité à l’avidité plutôt qu’à la compassion, et à l’exploitation plutôt qu’à l’intendance. Tant que nous n’aurons pas réaligné nos priorités pour faire passer l’humanité avant le profit, des progrès significatifs vers la justice climatique resteront insaisissables.