Loin des gros titres, les annonces sur la déforestation et la protection des forêts tropicales de la RDC ont jeté les bases d’actions futures.
Même s’il n’a pas fait la une des journaux autour de la COP28, l’un des moments les plus marquants des négociations sur le climat pour la République démocratique du Congo (RDC) a été son annonce d’un nouveau partenariat pour protéger ses précieuses forêts tropicales.
L’initiative – soutenue par le NOUS, France, Allemagne, Royaume-Uni, Norvège et diverses fondations – vise à accroître les investissements privés dans des secteurs tels que l’agriculture, la foresterie et l’écotourisme. Il comprend 62 millions de dollars d’engagements de financement initiaux, avec d’autres collaborations attendues lors de la COP29. Intitulé « Peuples, forêts et nature : partenariat pour la nouvelle économie climatique de la République démocratique du Congo », il espère aider à conserver et à gérer les forêts, les tourbières et les zones clés pour la biodiversité de la RDC.
Parallèlement à cette annonce, la COP28 a également vu le lancement de la Panel scientifique pour le bassin du Congo. Cette coalition de recherche est dirigée par plus de 300 scientifiques et soutenue par le Réseau des solutions pour le développement durable des Nations Unies. Il étudiera le rôle du Congo dans la régulation régionale du climat, les impacts humains sur l’écosystème forestier et la manière dont les données scientifiques peuvent éclairer la politique gouvernementale.
Ces efforts s’inspirent en partie de ceux déployés par le Brésil et le président Luiz Inácio Lula da Silva. Le premier du genre Panel scientifique pour l’Amazonie a été lancé en 2020. Pendant ce temps, le Brésil a annoncé à la COP28 la création d’un Fonds pour les forêts tropicales avec un objectif de capital de 250 milliards de dollars.
Depuis qu’il a repris ses fonctions, le président Lula n’a cessé de lutter contre la déforestation. Dans le six premiers mois Depuis son mandat, les taux de déforestation ont chuté de 34 %. Le gouvernement a mis en œuvre des politiques solides visant à réduire l’exploitation forestière illégale et le défrichement des terres, tout en mettant également l’accent sur les initiatives de développement durable. L’administration de Lula a soutenu les droits fonciers des autochtones, mis en œuvre des réglementations environnementales plus strictes et encouragé les efforts de conservation par le biais de la coopération internationale.
Cela a constitué une mesure bienvenue face aux tendances mondiales qui estiment que nous perdons environ 5 millions hectares de forêt chaque année, 95 % de cette déforestation catastrophique se produisant sous les tropiques.
En effet, rien qu’en 2022, la déforestation dans le bassin du Congo, le « Poumon de l’Afrique », 13% de la déforestation mondiale. Mon vaste pays, qui abrite la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, est confronté à ce défi en raison de divers facteurs. L’expansion agricole, en particulier pour l’agriculture de subsistance et les activités commerciales comme la production d’huile de palme et de caoutchouc, en est le principal moteur. L’exploitation forestière à petite échelle et le commerce illégal du bois, alimentés par une application des lois et une gouvernance inadéquates, y contribuent également de manière significative. De plus, les activités minières, le développement des infrastructures et la croissance démographique exacerbent le problème.
La déforestation galopante menace non seulement la riche biodiversité du bassin du Congo, mais met également en danger les communautés autochtones qui dépendent de la forêt pour leur subsistance et leurs pratiques culturelles. De plus, elle contribue au changement climatique mondial en réduisant la capacité de la forêt à séquestrer le dioxyde de carbone.
Relever ce défi nécessite une approche holistique intégrant des politiques d’utilisation durable des terres avec la participation des communautés, une meilleure application des réglementations et une coopération internationale. Avec une approche strictement réglementaire, comme celle adoptée par les pays développés, nous pouvons brandir le bâton et pénaliser les gens pour leurs mauvaises pratiques. Mais dans des pays comme la RDC, les gens ont besoin d’incitations qui ouvrent la voie à des pratiques plus durables.
Une telle approche est également plus équitable. Les grandes entreprises agricoles peuvent absorber les pénalités ou les éviter grâce à des vides juridiques. Les agriculteurs locaux ne le peuvent pas et seront confrontés à la faim et à la pauvreté s’ils ne peuvent pas maintenir leurs moyens de subsistance, ce qui pourrait conduire à des déplacements ou à des conflits. Il est important de consolider les efforts autour d’incitations qui modifient les comportements de manière positive, plutôt que de sanctions sans alternatives. Il n’existe pas de solution universelle.
Il y a une lueur d’espoir avec ces nouveaux accords mondiaux. Le plus souvent, les objectifs climatiques mondiaux ne font aucune mention de la déforestation, ce qui permet malheureusement aux États de faire preuve de créativité en matière de réduction des émissions tout en maintenant les taux de déforestation pour soutenir les industries locales. À cet égard, la COP28 a réalisé quelques progrès sous la direction de son président très critiqué, le sultan Al-Jaber. Sans initiatives mondiales telles que celles proposées par la RDC et le Brésil, et d’autres qui pourraient s’en inspirer au-delà de la COP28, les progrès du Brésil, par exemple, peuvent être facilement inversés du jour au lendemain avec un changement de gouvernement. Les progrès vers la réduction de la déforestation et la construction d’énergies durables dans les pays en développement comme la RDC pourraient s’avérer insaisissables sans de telles structures et alliances. Le annonce Les négociations entre le Brésil, l’Indonésie et la RDC l’année dernière pour créer une « Opep pour les forêts tropicales » sont un autre exemple d’action coordonnée nécessaire pour sauvegarder des écosystèmes inestimables.
Le renforcement de ces fonds et partenariats élargit la portée au-delà des efforts des pays individuels et positionne correctement la déforestation comme un défi mondial permanent, en reconnaissant l’interdépendance des forêts et leur impact sur le climat. Si les États hésitent à honorer leurs nouveaux engagements ou ne parviennent pas à en amener d’autres à la table, nous risquons de perdre même ces modestes progrès.
Les conséquences de l’inaction sont trop lourdes, mais nous ne disposons désormais plus d’un seul point de départ, mais de plusieurs. Nous avons l’impulsion nécessaire pour commencer à transformer le débat autour de la déforestation en un débat dans lequel les nations peuvent travailler ensemble de manière concrète pour y mettre fin dans le cadre d’une équation climatique plus large, plutôt que de simplement pointer du doigt et agiter le bâton.