Le ministère des Finances du Ghana a déconseillé au président Nana Akufo-Addo d'approuver un projet de loi anti-LGBTQ très contesté, avertissant qu'il pourrait aboutir à une perte de milliards de dollars de fonds de la Banque mondiale pour le pays, en difficulté financière. Photo : Simon Maina/AFP
Le ministère des Finances de Hana a déconseillé au président Nana Akufo-Addo d'approuver un projet de loi anti-LGBTQ très contesté, avertissant qu'il pourrait aboutir à une perte de milliards de dollars de fonds de la Banque mondiale pour le pays, en difficulté financière.
Les législateurs ont approuvé la semaine dernière le projet de loi visant à restreindre sévèrement les droits LGBTQ, suscitant la condamnation des militants des droits humains malgré un large soutien dans cet État conservateur d'Afrique de l'Ouest.
Elle prévoit des peines de prison de six mois à trois ans pour les relations sexuelles entre personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans ou queer et des peines de trois à cinq ans pour la promotion ou le parrainage d'activités LGBTQ.
Un document confidentiel de quatre pages du ministère des Finances, obtenu par l'AFP, souligne que les conséquences économiques pourraient perturber les plans budgétaires du Ghana pour 2024. Le pays sort de sa pire crise économique depuis des décennies et bénéficie d'un programme de prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI).
« Au total, le Ghana risque de perdre 3,8 milliards de dollars de financements de la Banque mondiale au cours des cinq à six prochaines années. D’ici 2024, le Ghana perdra 600 millions de dollars en aide budgétaire et 250 millions de dollars en Fonds de stabilité financière », indique le document.
« Cela affectera négativement les réserves de change du Ghana et la stabilité du taux de change, car ces entrées devraient renforcer la position de réserve du pays. »
Il a déclaré que bien qu'« il n'y ait pas de conditionnalité directe… relative à l'adoption du projet de loi… le non-décaissement de l'appui budgétaire de la Banque mondiale fera dérailler le programme du FMI.
« Cela déclenchera à son tour une réaction du marché affectant la stabilité du taux de change », indique le document adressé au bureau du président.
Une source du ministère des Finances a confirmé l'authenticité du document, mais la présidence n'a pas immédiatement répondu à son contenu.
Akufo-Addo démissionne après deux mandats et son parti au pouvoir, le Nouveau Parti Patriotique (NPP), devra faire face à une course serrée contre le Congrès National Démocratique (NDC) lors de l'élection présidentielle de décembre. Les prêts étrangers, la gestion de la dette, l'économie et sa reprise seront les thèmes majeurs de la campagne électorale.
Le projet de loi anti-homosexuel a été condamné à l’échelle internationale, notamment de la part des Nations Unies et des gouvernements américain et britannique.
Parrainé par une coalition composée de chefs traditionnels chrétiens, musulmans et ghanéens, ce projet a recueilli un soutien important parmi les parlementaires.
Akufo-Addo n'a pas précisé quand il approuverait le projet de loi, mais il a déclaré dans le passé que le mariage homosexuel ne serait jamais autorisé tant qu'il serait au pouvoir.
« Le président devra peut-être différer l'approbation du projet de loi jusqu'à ce que le tribunal se prononce sur les questions juridiques soulevées par les principales parties prenantes nationales », indique le document du ministère.
Le Ghana a connu sa pire crise économique depuis des décennies à partir de 2022, alors que l’inflation dépassait les 50 %. -AFP