Des manifestants anti-Paul Biya manifestent devant la tour Eiffel à Paris, en France, le 27 octobre 2018, pour dénoncer une élection présidentielle truquée au Cameroun par Paul Biya. (Photo de Julien Mattia/NurPhoto via Getty Images)
L’opposition au Cameroun a connu une trajectoire inquiétante depuis sa légalisation en 1990.
Les choses semblaient positives au début. Des partis dynamiques ont émergé, comme le Social Democratic Front (SDF), dirigé par le charismatique Ni John Fru Ndi. Il a remporté plus de la moitié des sièges à l’Assemblée nationale.
Alors que le président Paul Biya était réélu, il n’a battu Ndi que de 4 %, et tout a changé. Comprenant à quel point il était proche de la défaite, Biya a réprimé. Répression
sont devenues plus intenses et des mesures restrictives telles que l’interdiction de réunions et
des manifestations ont été introduites.
Pire encore, les efforts de Biya pour diviser et gouverner l’opposition en parrainant certains groupes et en en cooptant d’autres ont conduit à une fragmentation préjudiciable. Il existe aujourd’hui plus de 300 partis d’opposition ; aucun ne peut rivaliser avec le Mouvement démocratique du peuple camerounais de Biya.
Mais Biya n’est pas le seul problème. L’absence de vision commune, étayée par des divisions ethniques, a empêché l’émergence d’une contestation plus cohérente de l’hégémonie du parti au pouvoir. Le SDF a également eu du mal à remplacer Ndi et a souffert du conflit dans les régions anglophones du pays, qui a rendu difficile la campagne dans son fief.
Pris ensemble, ces défis expliquent pourquoi l’opposition ne détient que 28 des 180 sièges à l’Assemblée nationale et n’a aucun sénateur. Même la décision de Maurice Kamto de former le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) en 2012 n’a pas réussi à provoquer un changement politique.
Malgré une grande fanfare, Kamto n’a obtenu que 14 % des voix lors de l’élection présidentielle de 2018.
Mais même dans les moments les plus sombres, il y a de l’espoir. Après avoir boycotté les élections législatives et municipales de 2020, le MRC participera aux élections de 2025.
Les partis d’opposition ont également commencé à se rassembler pour promouvoir une campagne massive d’inscription des électeurs et former une coalition autour de l’Alliance pour le changement. Biya reste aux commandes, mais les partisans de l’opposition peuvent désormais rêver d’une renaissance.