Un rapport de l’ONU indique que l’armée rwandaise utilise des missiles en RDC. (Photo de Cyrile Ndegeya/Anadolu via Getty Images)
L’armée rwandaise qui soutient les rebelles du M23 dans un conflit qui s’intensifie dans l’est de la République démocratique du Congo utilise des armes sophistiquées telles que des missiles sol-air, selon un document des Nations Unies.
Alors que les combats s’intensifient en RDC, un « missile sol-air mobile (SAM) présumé des Forces de défense rwandaises » a été tiré sur un drone d’observation de l’ONU mercredi dernier sans l’atteindre, indique le rapport confidentiel.
« Les renseignements militaires extérieurs de la France soutiennent l’évaluation selon laquelle le système SAM mobile présumé WZ551 6×6 IFV est rwandais », ajoute-t-il. Deux images aériennes jointes au rapport montrent un véhicule blindé à six roues doté d’un radar et d’un système de lancement de missiles sur le toit.
Les photos ont été prises par le drone ciblé à environ 70 km au nord de la ville de Goma, dans le territoire de Rutshuru contrôlé par les rebelles. La mission de maintien de la paix de la Monusco de l’ONU a déclaré dans le document qu’elle n’avait « aucun rapport antérieur sur des groupes armés connus possédant la formation, le capital ou les ressources nécessaires pour exploiter et entretenir un système SAM mobile ».
Il a ajouté que cela « indique une escalade du conflit entre forces conventionnelles dans l’est de la RDC ». Le document note que le M23 et l’armée rwandaise ont utilisé de nombreuses armes contre les avions et disposent également dans leur arsenal de canons anti-aériens et de systèmes mobiles de défense aérienne. De telles armes représentent un risque élevé pour tous les avions du gouvernement de la RDC et de l’ONU dans la région.
Fin janvier, le porte-parole du M23, Willy Ngoma, est apparu dans une vidéo sur les réseaux sociaux menaçant la Monusco de représailles et l’accusant de fournir aux « ennemis » des informations sur les activités rebelles recueillies par des drones. Ngoma montre ce qu’il dit être des débris d’un drone CH-4 piloté par les forces de la RDC et abattu par un rebelle.
La RDC, l’ONU et les pays occidentaux affirment que le Rwanda soutient les rebelles dans leur tentative de contrôler de vastes ressources minières, une allégation démentie par Kigali. Les affrontements se sont récemment intensifiés entre le M23 – l’un des groupes armés les plus puissants parmi les dizaines de groupes armés qui parcourent l’est troublé – et l’armée congolaise.
Le porte-parole régional de l’armée, le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, a déclaré que « des bataillons et du matériel » de l’armée étaient arrivés dans la zone « pour la sécurité de la population et pour reconquérir le territoire ».
La flambée de violence a poussé des milliers de civils à fuir la ville de Sake, sur la route vers Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. Au moins trois personnes sont mortes et une douzaine ont été blessées lundi lorsqu’une « bombe » est tombée sur un camp de déplacés près de Goma, selon des sources locales.
La région de Sake, à 20 km à l’ouest de la ville, a été le théâtre de violents combats dans la journée. Une source de la société civile a accusé le M23 d’avoir frappé le camp de Zaina, déclarant : « Il y a eu cinq morts et 15 blessés ». Une source médicale a indiqué que trois des 18 victimes étaient décédées.
Le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, a accusé l’armée rwandaise d’avoir « tiré la bombe en début de soirée » et a répertorié huit personnes grièvement blessées.
« Sur les collines, les explosions sont terribles », a déclaré un témoin local, ajoutant que des véhicules blindés de l’ONU avaient été lapidés par des jeunes accusant les casques bleus de « collaborer avec l’ennemi ».
Les forces de l’ONU sont présentes en RDC depuis près de 25 ans, mais sont accusées de ne pas avoir réussi à protéger les civils contre les groupes armés. Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté en décembre pour accepter la demande de retrait de Kinshasa malgré la situation instable.
Les autorités de la RDC ont renforcé lundi la sécurité à l’extérieur des ambassades et des bâtiments de l’ONU après qu’ils ont été pris pour cible par des manifestants accusant l’Occident de soutenir le M23.
Des manifestations ont éclaté la semaine dernière à Kinshasa et dans la ville de Lubumbashi, dans le sud-est du pays. Vendredi dernier, des dizaines de jeunes ont manifesté devant les ambassades française et britannique et, en début de semaine, devant l’ambassade américaine.
Le gouvernement a annoncé dimanche soir un renforcement de la sécurité dans les ambassades et le maintien de l’ordre a été renforcé lundi sur plusieurs sites de la capitale. Des dizaines de jeunes se rassemblaient également pour de nouvelles marches et avaient brûlé des pneus sur le trottoir.
Par mesure de précaution, les écoles étrangères étaient fermées lundi matin, ainsi que certains commerces du centre de Kinshasa. -AFP