Un opposant rwandais exclu de la course aux élections

Un tribunal rwandais a rejeté mardi l'appel d'une personnalité éminente de l'opposition visant à faire annuler ses condamnations antérieures, le disqualifiant ainsi de contester le président Paul Kagame lors des élections de juillet.

Un tribunal rwandais a rejeté mardi l'appel d'une personnalité éminente de l'opposition visant à faire annuler ses condamnations antérieures, le disqualifiant ainsi de contester le président Paul Kagame lors des élections de juillet.

Bernard Ntaganda, un fervent critique du dirigeant à la poigne de fer du Rwanda, avait saisi la Haute Cour de Kigali en février dans le but d'annuler des condamnations remontant à plus d'une décennie.

Il est le deuxième opposant à ne pas pouvoir se présenter aux élections du 15 juillet contre Kagame.

Un collège de trois juges a statué contre Ntaganda, sur la base de ce qu'il a dit être son non-paiement des frais de justice de près de 106 000 francs rwandais (environ 82 dollars) liés à l'affaire précédente contre lui. « La Haute Cour estime que Ntaganda n’a pas respecté les lois qui obligent les individus à demander l’annulation de leur condamnation, et rejette donc son appel. »

Ntaganda, avocat et fondateur du parti PS-Imberakuri, a déclaré qu’il avait la preuve qu’il avait payé les frais mais que la décision du tribunal « n’était pas un résultat surprenant ».

« Le FPR au pouvoir [Rwandan Patriotic Front] Nous ne pouvons pas permettre aux tribunaux d’être indépendants », a-t-il déclaré.

Ntaganda avait également prévu de se présenter contre Kagame en 2010, mais a été arrêté avant le vote. Il a purgé une peine de quatre ans de prison pour atteinte à la sécurité de l'État et attisation des divisions ethniques avant d'être libéré en 2014.

En vertu de la loi rwandaise, une personne reconnue coupable et condamnée à plus de six mois de prison n'a pas le droit d'exercer des fonctions publiques.

En mars, un tribunal a également refusé d'annuler les condamnations antérieures contre Victoire Ingabire, une fervente opposante de Kagame, la rendant inéligible à se présenter en juillet.

Kagame dirige le Rwanda depuis le génocide de 1994, devenant officiellement président d'un gouvernement de transition en 2000. Depuis lors, il a remporté les élections en 2003, 2010 et 2017, avec à chaque fois plus de 90 % des voix.

Il a présidé des changements constitutionnels controversés en 2015 qui ont réduit le mandat présidentiel – à partir du vote de 2024 – de sept à cinq ans, mais lui ont également permis de briguer deux mandats supplémentaires et potentiellement de rester au pouvoir jusqu'en 2034.

La semaine dernière, Diane Rwigara, une autre critique de Kagame, a annoncé qu'elle se présenterait cette année après avoir été balayée de la course de 2017 suite à des accusations selon lesquelles elle aurait falsifié les signatures de partisans de sa candidature. Elle a été arrêtée et accusée de faux et d'incitation à l'insurrection, et détenue derrière les barreaux pendant plus d'un an.

Deux autres personnes se sont lancées dans le ring cette année : Frank Habineza du Parti Vert et le candidat indépendantiste Philippe Mpayimana.

Kagame a été félicité pour avoir mis le Rwanda sur la voie de la transformation économique après le génocide, mais il fait régulièrement face à des critiques concernant les violations des droits et la répression de l'opposition et de la liberté d'expression.

Le Rwanda organisera des élections présidentielles et parlementaires le 15 juillet. -AFP