Un tribunal kenyan prévient qu’il pourrait libérer le chef présumé d’une secte – The Mail & Guardian

Le pasteur autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie (à gauche), qui a créé l’Église internationale de la Bonne Nouvelle en 2003 et est accusé d’avoir incité les adeptes de la secte à mourir de faim « pour rencontrer Jésus », s’entretient avec ses proches alors qu’il comparaît sur le banc des accusés, à au palais de justice Shanzu à Mombasa le 5 mai 2023. (Photo de SIMON MAINA/AFP via Getty Images)

Un tribunal kenyan a donné cette semaine aux autorités 14 jours pour poursuivre en justice un dirigeant présumé d’une secte, sous peine de devoir le libérer après son arrestation pour la mort de centaines de ses partisans.

Paul Nthenge Mackenzie a déjà vu sa détention de neuf mois prolongée à plusieurs reprises alors qu’une enquête se poursuit sur ce qui s’est passé dans la forêt de Shakahola, près de Malindi, sur la côte, où des restes humains ont été découverts en avril dernier.

L’ancien chauffeur de taxi, arrêté le 14 avril, est accusé d’avoir incité des centaines de ses fidèles de l’Église évangélique Good News International à mourir de faim afin de « rencontrer Jésus », selon un rapport du Sénat.

Mackenzie et ses coaccusés auraient empêché ses partisans de ralentir ou de tenter de s’échapper de la forêt.

Ce massacre apparent a suscité l’incompréhension au Kenya, un pays à majorité chrétienne qui compte environ 4 000 « églises » officiellement enregistrées, selon les données du gouvernement.

Mais ce pays de 53 millions d’habitants a du mal à réglementer les églises et les cultes sans scrupules qui participent à la criminalité.

« Il s’agit de la plus longue détention provisoire de l’histoire du pays » depuis la refonte de la Constitution en 2010, selon le juge Yusuf Abdallah Shikanda.

Il a déclaré qu’une poursuite devrait suivre, sinon Mackenzie et 29 coaccusés pourraient être libérés dans deux semaines.

Les procureurs avaient demandé, en septembre, 180 jours supplémentaires pour détenir Mackenzie à partir de ce moment-là, mais Shikanda a noté que 117 jours s’étaient écoulés depuis.

« À mon avis, c’est un délai suffisant pour que les enquêtes en cours auraient dû être achevées », a-t-il déclaré.

En mai, les procureurs avaient indiqué qu’ils porteraient plainte pour « terrorisme » contre Mackenzie, qui a été arrêté le lendemain de la découverte des premiers corps dans la forêt. À ce jour, 429 corps ont été retrouvés.

Les autopsies ont montré que la majorité des victimes sont mortes de faim, mais d’autres, notamment des enfants, semblent avoir été étranglées, battues ou étouffées.

Une commission d’enquête sénatoriale a rapporté en octobre que le pasteur autoproclamé avait été inculpé en 2017 pour ses prédications extrêmes, mais « le système de justice pénale n’a pas réussi à dissuader les activités odieuses de Paul Mackenzie à Shakahola ».

Mackenzie a été acquitté des accusations de radicalisation en 2017 pour avoir dispensé illégalement un enseignement scolaire – il a rejeté le système éducatif formel qui, selon lui, n’était pas conforme à la Bible. En 2019, il a également été accusé d’être lié à la mort de deux enfants qui auraient été affamés, étouffés puis enterrés dans une tombe peu profonde de la forêt de Shakahola. Il a été libéré sous caution en attendant son procès.

AFP