Le Rwanda accuse le Congo-Kinshasa de ne pas pouvoir mettre de l’ordre chez lui ; elle aussi doit s’occuper de la question des réfugiés, dont 245 000 se trouvent dans l’Est de la RDC.
Le conflit actuel dans l’est de la République démocratique du Congo a éclaté en 1996 lorsque l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), une coalition de dissidents rwandais, ougandais, burundais et congolais sélectionnés a lancé une guerre contre le Zaïre, a renversé Mobutu Sese Seko et a porté au pouvoir Laurent-Désiré Kabila. L’est de la RDC n’a pas connu la paix depuis.
L’intérêt du Rwanda pour l’Est de la RDC est antérieur à l’AFDL. La guerre lancée par l’AFDL contre le Congo-Kinshasa a été précédée d’une guerre civile de quatre ans qui a abouti au Génocide contre les Tutsi au Rwanda. Des millions de Rwandais ont traversé la frontière pour se réfugier en RDC. Parmi ces réfugiés se trouvaient les restes des forces rwandaises vaincues et des milices responsables du génocide.
Depuis lors, le gouvernement rwandais a soutenu qu’il existe des forces négatives résidant dans l’est de la RDC pour déstabiliser le Rwanda, une référence aux Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR). Les FDLR sont un groupe armé formé par des réfugiés rwandais en RDC qui, suite à leur expulsion forcée du Rwanda pendant le génocide, ont eu recours à la lutte armée comme moyen de reprendre le pouvoir au Rwanda. Bien que les forces armées rwandaises aient lancé à de nombreuses reprises des opérations militaires contre les FDLR sur le sol congolais en collaboration avec l’armée congolaise, le gouvernement rwandais insiste toujours sur le fait que les FDLR constituent une menace pour la sécurité du Rwanda. De plus, il y a 245 000 réfugiés rwandais en RDC dont le retour dans leur patrie doit être volontaire et effectué dans des conditions garantissant leur sécurité et leur dignité.
Les intérêts et les préoccupations du Rwanda doivent être pris en compte si l’on veut trouver une solution durable au conflit dans l’est de la RDC. De la même manière qu’on a demandé au gouvernement congo-kinshasa de faire amende honorable et de résoudre ses problèmes internes, le gouvernement rwandais doit lui emboîter le pas et faire amende honorable aussi.
Alors que le Rwanda n’est pas responsable des problèmes en RDC, les problèmes des réfugiés rwandais hébergés en RDC et des groupes armés opérant dans l’est de la RDC sont-ils des problèmes du Rwanda que son gouvernement doit résoudre ?
Rapports de Freedom House ont constamment montré que le Rwanda n’est pas un pays libre ; les libertés civiles et les droits politiques ne sont pas respectés. Alors que les organisations de défense des droits de l’homme ont régulièrement démontré que le gouvernement rwandais viole les droits de ceux qui osent contester ou contredire son discours. Malgré les efforts du gouvernement pour développer le Rwanda, l’économie du pays continue de lutter, en particulier dans les secteurs nécessaires pour réaliser une véritable transformation sociale et économique pour l’ensemble de la population. Le Rwanda produit donc des réfugiés pour toutes sortes de raisons, politiques et économiques plutôt qu’historiques.
Outre les réfugiés rwandais et les groupes armés opérant dans l’est de la RDC, il existe d’autres réfugiés rwandais dispersés dans les États voisins du Burundi, de la Tanzanie et de l’Ouganda. Il existe des groupes politiques rwandais qui s’opposent au parti au pouvoir au Rwanda et militent pour un retour volontaire et sûr dans leur patrie afin qu’ils puissent exercer leurs droits politiques sans aucune restriction. Ces groupes se trouvent dans de nombreuses régions du monde, leurs membres étant basés en Europe, en Amérique et en Afrique.
Le gouvernement rwandais affirme que ces groupes politiques sont liés à des groupes dissidents armés dans l’est de la RDC. Il y a eu des tensions politiques entre le Rwanda d’une part, et le Burundi et l’Ouganda d’autre part à cause d’allégations selon lesquelles ces deux derniers États soutiennent des personnalités de l’opposition qui veulent renverser les dirigeants rwandais.
Ainsi, pour une paix durable dans l’est de la RDC et dans la région des Grands Lacs africains, le gouvernement rwandais doit aussi faire comme le gouvernement de la RDC et faire amende honorable. Il doit tenir un dialogue inter-rwandais avec ses voix dissidentes à l’intérieur et à l’extérieur du pays et convenir d’un cadre politique garantissant le retour volontaire et sûr des réfugiés, le désarmement des groupes armés rwandais dans l’est de la RDC et garantissant le respect des libertés civiles. et l’inclusion politique dans le pays.