TotalEnergies à 100 ans : Un héritage de destruction en Afrique

Les déplacements, les dommages environnementaux et les émissions de CO2 liés aux projets au Mozambique et en Ouganda ne sont que le dernier chapitre d’une longue histoire.

TotalEnergies, premier producteur d'hydrocarbures en Afrique, détient une participation majoritaire dans le projet controversé d'East African Crude Oil Pipeline (EACOP). Crédit : Fridays For Future Ouganda.

Aujourd’hui, le 28 mars 2024, marque les 100 ans du géant pétrolier et gazier français TotalEnergies. Alors que nous célébrons son centenaire, il est temps de prendre en compte le véritable coût de son héritage. Il est temps de reconnaître que la quête incessante du profit de l’entreprise s’est faite au détriment des communautés les plus vulnérables d’Afrique et des écosystèmes irremplaçables.

TotalEnergies est aujourd'hui présent dans plus de 130 pays et opère dans tout le spectre du secteur des énergies fossiles, de l'exploration à la production, du raffinage à la distribution. Sa première incursion en Afrique a eu lieu 1956. Depuis, elle a stimulé et profité de l’exploitation des ressources naturelles du continent. La major française du pétrole et du gaz est la plus grand producteur d'hydrocarbures en Afrique.

Mais c’est aussi en Afrique que ses actions ont laissé certaines des cicatrices les plus profondes. Partout sur le continent, les bénéfices de l'entreprise ont eu un coût énorme pour les communautés locales et l'environnement.

À Cabo Delgado, au nord du Mozambique, Projet de Gaz Naturel Liquéfié (GNL) de TotalEnergies a contribué à l'émergence d'un crise humanitaire, avec des communautés confrontées à la violence, aux déplacements et aux violations des droits humains. En déclarant force majeure en 2021, l'entreprise s'est déchargée de ses engagements et obligations contractuelles tout en conservant les avantages majeurs d'être maître d'ouvrage, privilégiant le profit au bien-être des personnes.

De plus, l’impact environnemental du projet est stupéfiant. Des chercheurs estimation ses émissions totales sur toute sa durée de vie s'élèveront à environ 3,3 à 4,5 milliards de tonnes d'équivalent dioxyde de carbone, soit plus que les émissions annuelles combinées de gaz à effet de serre des 27 pays de l'Union européenne. Cela rend clairement le projet incompatible avec l’objectif de l’Accord de Paris sur le climat de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,50C.

Si cette limite est dépassée, ce sont des pays comme le Mozambique qui en souffriront le plus. Au cours des trois dernières années, cela a été ravagé par les cyclones Idai, Kenneth et Freddy, qui ont touché des millions de personnes et fait environ 1 000 morts. En raison de la crise climatique, les points chauds de la biodiversité comme le Parc national des Quirimbas un sanctuaire pour des milliers d'espèces d'oiseaux, de mammifères, de reptiles et de flore, sont menacés.

Mais le Mozambique n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. En Ouganda, TotalEnergies envisage de produire près de 200 000 barils de pétrole par jour à Tilenga et participe à la construction de l'East African Crude Oil Pipeline (EACOP), long de 1 433 km, pour acheminer ce carburant jusqu'au port tanzanien de Tanga.

Ces projets présentent des risques supplémentaires pour les communautés et les écosystèmes. Ensemble, ils devraient impacter directement le territoire d'environ 118 000 individus. De nombreuses personnes déjà déplacées se retrouvent dans l'angoisse à cause des retards en compensation, tandis que plusieurs autres ont été intimidés pour avoir résisté au projet et rejeté les conditions de compensation. Les membres de la société civile et les journalistes qui dénoncent les méfaits des projets de TotalEnergies ont été intimidés, voire arrêtés à plusieurs reprises.

Les projets posent également un menace pour les sources critiques de l'eau. Environ 460 km d'EACOP seront dans le bassin d'eau douce du lac Victoria, le plus grand lac d'Afrique. En cas de marée noire, ce qui est probable à un moment donné, les sources d’eau qui soutiennent directement les moyens de subsistance de plus de 40 millions de personnes seront polluées. L'extraction des champs pétroliers aura quant à elle un impact direct sur le parc national de Murchison Falls, dans lequel TotalEnergies prévoit de forer. 130 puits de pétrole, ce qui constitue une menace sérieuse pour la biodiversité et les espèces rares et menacées. Important affluents Le Nil qui coule à proximité sera également menacé. Les communautés ont exprimé préoccupations sur la possibilité de marées noires et d'autres pollutions affectant le fleuve et ayant des impacts aussi lointains que l'Afrique du Nord. Un 2022 étude Le Climate Accountability Institute (CAI) a estimé les émissions totales résultant des 25 années d'exploitation du gazoduc à 379 millions de tonnes de CO2, soit 25 fois les émissions annuelles de l'Ouganda et de la Tanzanie réunies, faisant de TotalEnergies un contributeur clé à l'empreinte carbone de l'Afrique.

Malgré preuves croissantes de ses pratiques destructrices, TotalEnergies ne montre aucun signe de ralentissement. Sa quête du profit continue Trump s'inquiète des gens et de la planète, perpétuant un cycle d’exploitation et de souffrance. Il est temps que les pays adoptent une nouvelle vision qui donne la priorité à la durabilité, à la justice et au respect des personnes et de la planète. Le siècle d'exploitation de TotalEnergies doit servir de sonnette d'alarme, rappelant aux gouvernements l'urgence de s'éloigner des énergies fossiles et de se diriger vers un avenir véritablement durable pour tous.